Le petit chaperon rouge

Nombre de messages : 3 Date d'inscription : 31/03/2007

C'était le branle bas de combat. Les mères cherchaient les enfants égarés, les hommes rentraient le bétail. Les chiens hurlaient.

Le matin déjà, la brume s'était installée, piquant les peaux, s'insérant partout.
L'humidité faisait parler les os, surtout des vieux et des vieilles.
Ils y allaient d'un "c'est pour cette nuit !".
Les enfants, apeurés, les regardaient avec de gros yeux et s'enfuyaient dans les jupes de leurs mères.

Solaris se préparait à la pleine lune. Encore une !

Et tous regardait vers la colline, vers le château, un dernier regard avant de se barricader chez eux.

Le crépuscule se retirait et laissait enfin danser la nuit. La lune, pleine, se levait, un peu rousse, légèrement rousse, et surtout elle arborait son regard maléfique. Elle jouait à cache-cache avec le brouillard, déposant une lumière diaphane sur le paysage.

"Dis maman, tu crois qu'il va venir me chercher ?", fit-elle en levant les yeux apeurée. Sa mère, sans dire mot, la prit sur sa poitrine. Et le père, sa fourche à la main, désespéré mais résolu à vendre chèrement la peau de sa famille, se tenait derrière la porte, à côté de l'âtre.

Dehors un bruit se faisait entendre, d'abord imperceptible, puis tonitruant. C'était l'étang. Un concert de crapaud buffle. Le village frissonnait.
Les écureuils s'enfuyaient sur les arbres, les sanglimouths se serraient les uns contre les autres. La forêt retenait son souffle. La nuit allait être longue.

Un hululement. Un appel à la lune.

Les enfants qui pleuraient, en silence. Les histoires du joueur de flûte à pied de taureau, les histoires du loup-garou. Et les vampires. Tout s'emmêlait dans leur tête. Depuis leur naissance et son arrivée, les enfants étaient maintenus dans l'angoisse. Pour les sauver.

Un cri à glacer le sang. Cela venait du château.

Nombre de messages : 3 Date d'inscription : 31/03/2007

Elle avait passé la journée sur les pâturages. Laissant les bêtes paître à leur convenance. Elle n'avait pas vu l'astre jour, le brouillard peignant tout de gris. Elle frissonna en pensant à la nuit prochaine.

Il était l'heure, il fallait rentrer. Avec hâte, plus que d'habitudes, elle rassemblât les bêtes. Une fois regroupée, elle les comptât. Puis elle donna le signal de départ. Elle les guidait avec son bâton et ses cris.

Le rythme lui semblait lent. La ferme se trouvait derrière le pont et Il fallait encore longer l'orée de la forêt. Une fois le cours d'eau franchit, elle entendit les coassements. Ces satanés crapauds buffles, qui pullulaient et colonisaient tous les étangs au détriment des autres espèces. Un tintamarre assourdissant qui phagocytaient tout les bruits.

Elle vit avec angoisse, le brouillard se teinter de noir. Le soleil se couchait et elle n'avait pas encore dépassé la forêt. Elle trembla.

Elle donna plusieurs coups sur l'arrière-train des bêtes, accompagnant son geste de cri d'encouragement. A tout moment elle regardait vers les arbres. La forêt ! Depuis petite on lui avait conté bien des histoires. Le joueur de flûte qui venait rendre visite à ses servantes. D'immenses bacchanales avaient lieu alors, lui avait-on raconté. Des nuits qui se terminaient par des sacrifices humains, des vierges immolées et offertes au joueur de flûte à pied de taureau.

Elle tenta encore une fois de presser le pas.

Mais depuis peu, depuis son arrivée, c'était un autre danger qui les menaçait. Et celui-là était bien réel. Les cadavres le prouvaient.

La luminosité changea encore, le gris devint noir puis une lueur blanchâtre se dissémina tout autour d'elle. La lune s'était levée.

Nombre de messages : 2 Date d'inscription : 31/03/2007

Elle sauta le rocher, atterrit sur les feuilles mortes. Contourna quelques troncs, farfouilla dans le sol, renifla les traces.
Rien encore. Les pistes se perdaient les unes après les autres.

Une légère brise soulevait son pelage noir ébène.

Elle s'immobilisa. Resta immobile un certain temps tel une statue.
Une odeur.
Elle partit d'un bond vers l'est. Là d'où venait le vent. Là où se trouvait sa proie.

Elle sauta un ru, déboula dans une clairière et s'arrêta. Les odeurs étaient maintenant multiples. Elle remit sa truffe au sol. De la nourriture se trouvait là il n'y a pas longtemps. Elle avança par zig-zag, cherchant le point de fuite.

Elle le trouva soudain, un peu à droite, entre deux bosquets. Elle leva la tête et hurla sa faim. La lune lui répondit, sortant de sa cachette. Puis elle partit au trot, ses pattes volant au-dessus du sol.
L'odeur était prégnante, elle n'était plus très loin. Elle touchait au but. Elle avait tellement faim.

Elle s'arrêta soudain. Ils étaient là, juste en sortant de la forêt. Il n'y avait qu'à traversé un pré de hautes herbes.

Elle observa néanmoins quel était le meilleur angle d'attaque, d'où venait le vent. Et ventre à terre, à pas de loup, rampant, elle avança.

Nombre de messages : 3 Date d'inscription : 31/03/2007

Le changement fut immédiat et concerna tout le troupeau en même temps. Un frisson parcourut son dos. Elle tourna automatiquement la tête vers la forêt qu'elle arrivait à peine à discerner à travers le brouillard. Une bande noir juste au-delà du champs.

Les bêtes étaient maintenant nerveuses. Elles mugissaient et pressaient le pas d'elles-mêmes. La peur s'empara d'elle. Son coeur s'accélérait. Elle se dissimula dans le troupeau, entre les bêtes, qui se pressaient l'une contre l'autre. Elle donnait des coudes pour ne pas se faire écraser.

Un cri plaintif. Elle se retourna. Le dernier né n'arrivait pas à suivre le rythme. Elle hésita puis se résolut à aller le chercher. Il n'était pas très loin, juste quelques mètres en arrière. Elle respira un bon coup pour se donner du courage et courut dans sa direction. Elle l'empoigna par la peau de son cou et commença à le tirer en avant tout en regardant vers la lisière.

Le sang se glaça dans ses veines. Une touffe d'herbes avait bougé, et ce ne pouvait être la brise, si faible. Elle lâcha la bête et se mit à courir vers le troupeau, sans se retourner.

Elle se prit le pied sur une bûche et s'écroula de tout son long. Elle essaya de se relever et vit les crocs devant son visage. Elle cria.

Nombre de messages : 2 Date d'inscription : 31/03/2007

Elle sentit la brise tourner. Elle était démasquée. Elle se releva, se mit à quatre pattes et examina la situation. Le troupeau se pressait mais, derrière lui, elle vit une proie facile. Elle allait se jeter contre elle quand elle perçut une forme qui s'en venait vers cette dernière.

Deux proies.... elle se lécha les babines et s'élança.

La deuxième proie courrait vite, plus vite que l'autre. C'était elle qu'il fallait terrasser en premier. Ses pattes touchèrent enfin le chemin en pierre, la distance s'amenuisait. Et puis soudain la chute. Elle la contourna et se posta entre sa proie et le troupeau, afin de lui couper toute retraite.

Un cri, celui de la mort. Elle mordit à pleine dent...

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Elle commençait à être rassasiée.

Une autre odeur. Elle releva le museau. Mais pas de danger.

Elle se remit à farfouiller dans les entrailles, déchiquetant les viscères, arrachant les membres.....

Il ouvrit les yeux sur le ciel gris. La douleur l'assoma presque. Il grimaça.
Il essaya de se relever, mais l'objectif lui semblait impossible. A chaque effort, le sang lui martelait le crâne. Il resta couché encore un instant et essaya de se souvenir. Mais rien, comme d'habitude.

Après un moment, il retenta et arriva enfin à s'asseoir. Il passa sa main dans ses cheveux, puis sur sa nuque. Où était-il ?

Puis cela le frappa. Sur son torse, des taches de sang. Le sien ? Il en avait aussi sur le visage. Il passa une main. Il avait déjà séché. Il s'examina en détails. Non rien et pas de douleur.

Cette fois-ci il se releva et il vit. Sans surprise.

A quelques mètres, des restes. Des lambeaux de chairs et de vêtements. Sans doute une bergère. A ses côtés les restes d'une bête.
Il détourna la tête de dégoût. Il vomit.

Encore ! Quand est-ce que cela prendra fin ?

Une clameur. Les villageois. Ils devaient être à la recherche de la disparue. Il ne devait pas traîner là. Déjà qu'ils le rendaient responsables de tous leur maux.

Au moins le brouillard lui sera utile pour rejoindre le château sans encombres. Il se nettoyara plus tard, il y avait urgence.

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